Pierre Rich
DES GENS DES VISAGES
ALGÉRIE,
Wilaya d'Oran
/ 2019
Boitier Nikon Z6 /
objectif 35 mm 1.4 sigma art
Mon cher Claude, tu gardes un attachement particulier à tes racines alsaciennes. Dans une autre vallée plus au sud, dans le Haut-Rhin, plus précisément à Lauw et Masevaux, au passé lié à l’industrie textile comme ici même, a travaillé mon grand père Marcel, frère de Roger, ton père. Quelques souvenirs de vacances restent présents dans ces lieux, dans ton cœur. Je le sais : tu me l'as dit.
Pour tout te dire je sais que tu es tout sauf un homme et un acteur compliqué. Complexe c’est certain, subtil évidemment et c’est cela qui fait tout l’intérêt de ton jeu qui s’est affirmé durant soixante années de carrière, soixante années de théâtre, de cinéma, 80 films à ton actif, tournés avec des réalisateurs prestigieux, des « Grandes Manœuvres » de René Clair au tout dernier « Cherchez Hortense », en passant par « Je t’aime, je t’aime » d’Alain Resnais, le fim que tu affectionnes le plus, l’incontournable et inénarrable « Tontons Flingueurs », « Le Crabe Tambour » de Schoendorffer, « Le Souper » de Molinaro (César du meilleur acteur), mais également des films plus intimistes et graves comme « La femme de Jean » de Bellon ou plus cruels comme « La Guerre des Polices » de Robin Davis. Bien d’autres films mériteraient d’être cités, notamment tes « apparitions » splendides, insolentes ou croustillantes dans les films de Bruno Podalydès, Pascal Thomas ou Valérie Lemercier. Truffaut bien sur (« La mariée était en noir »).
Je n’oublie pas bien sûr le théâtre, car tu n’as pas quitté les planches depuis 50 années. Je garde pour ma part des souvenirs particuliers, émouvants, quand jeune garçon nous vous rendions visite à Orgeval, dans ta magnifique maison et que tu répétais dans ton jardin au milieu de tes poiriers, quand je suis venu déclamer un poème de Baudelaire devant toi avec mon camarade de lycée Denis Podalydès, et au théâtre quand mes parents n’avaient pas voulu que je vois « Honni soit qui mal y pense », pièce irrévérencieuse et insolente mais quand un peu plus tard, adolescent, je suis allé te voir dans « Lorenzaccio » de Musset à la Comédie Française, ensuite quand je suis retourné trois fois voir « Un habit pour l’Hiver » pièce que tu as écrite, et où tu étais accompagné de Claude Pieplu, George Wilson, Jean Bouise et Fred Personne. Et « Le Souper », la pièce, avec Brasseur, ou ce très beau duo avec Denise Gence dans une pièce de Billedoux, mise en scène par Lavelli, au théâtre de la Colline, ou en 2003 « Les Braises » dont tu as fait l’adaptation, dans le petit théâtre écrin de l’Atelier.
Enfin pour tenter de décrire ce qui caractérise ton jeu, je trouve que tu es un comédien qui travaille ses rôles avec la distance propre au théâtre, et c’est toujours avec un recul amusé, ce phrasé musical, légèrement éraillé, sa manière de se déplacer particulière, de rester souvent comme en suspend et soudain de changer de registre, devenir enfant naïf ou vieillard aigri, comme ça, sans crier gare … (Claude: "Maintenant je ne suis plus qu'un vieillard aigri !" - Rire de l'assistance). Tu peux enlever le mot aigri et ce sera parfait ! Tu es une belle personne, c'est ça qui compte.
Enfin d’autres le disent mieux que moi. Ariane Mnouchkine : « Un comédien, comme tout artiste, est un explorateur. » et Sacha Guitry : « J’adore être comédien. C’est tellement plus réel que la vie. »
Pierre RICH
Claude RICH
Février 2o13
Discours de présentation lors de la soirée d'inauguration du festival Claude Rich (Cinéma le Royal- Rothau, Bas-Rhin)
Une série d'images qui sont aussi des rencontres, un recueil de témoignages réalisés avec Cécile Huet (création sonore), et François Klein (sculpteur).
Création en devenir, des mains mémoires, des beaux visages, parce qu'importants, et des paroles inoubliables.
Merci à Marie-Thérèse et Robert Wantz, Yvette Beck, Simone Lallemand, Andrée Farine, Etienne Aubert, Georgette Bettrani, Pierre Naga, Yvon Soppelsa, Henri Obergfell, Léa Claudel, Marie-Paule Ebel, Claire Strasbach,Henri Obergfell, Roger Hazemann, Simone Demangeat, Cécile Douvier, Yvette Prina, Odette Redonnet, Jean Thomas, Marie-Alice Dangonini, Marguerite Camaille, Maurice Hissler, Marie Andrée Sublon, Irène Schaeffer, Geneviève Marchal, Marie-Thérèse Himber, François Philbert, Yvonne Oury, Mesdames Haus et Ravel, les maisons de retraites de Senones et de Schirmeck pour leur aimable autorisation.
[PORTRAITS]
2o11
SENSIBLES D'OR
2o11
Palais abbatial de l'Abbaye de Senones, Vosges.
Portraits sensibles sur fond de plaque sensible dorée.
Merci à François Klein, Cécile Huet, Didier Pozza, Agnès Pozza, Misha Schaub, Alain Chauveaux, Françoise Pecchiura, pascal Poirot, Michel Urban, Vincent Ganaye,Antoine Caquard,Bernard Vauthier, François Toussaint, Victor, Marie-Aude et Jean-Pierre Limayrac, Jean-Luc Beverina, Madilo, Christian Lohner, Lili Riche, Serge Schultz, Jean-Louis Mallaisé, et toutes celles et ceux qui se sont prêtés à l'expérience.
Mon cher Claude, tu gardes un attachement particulier à tes racines alsaciennes. Dans une autre vallée plus au sud, dans le Haut-Rhin, plus précisément à Lauw et Masevaux, au passé lié à l’industrie textile comme ici même, a travaillé mon grand père Marcel, frère de Roger, ton père. Quelques souvenirs de vacances restent présents dans ces lieux, dans ton cœur. Je le sais : tu me l'as dit.
Pour tout te dire je sais que tu es tout sauf un homme et un acteur compliqué. Complexe c’est certain, subtil évidemment et c’est cela qui fait tout l’intérêt de ton jeu qui s’est affirmé durant soixante années de carrière, soixante années de théâtre, de cinéma, 80 films à ton actif, tournés avec des réalisateurs prestigieux, des « Grandes Manœuvres » de René Clair au tout dernier « Cherchez Hortense », en passant par « Je t’aime, je t’aime » d’Alain Resnais, le fim que tu affectionnes, l’incontournable et inénarrable « Tontons Flingueurs », « Le Crabe Tambour » de Schoendorffer, « Le Souper » de Molinaro (César du meilleur acteur), mais également des films plus intimistes et graves comme « La femme de Jean » de Bellon ou plus cruels comme « La Guerre des Polices » de Robin Davis. Bien d’autres films mériteraient d’être cités, notamment tes « apparitions » splendides, insolentes ou croustillantes dans les films de Bruno Podalydès, Pascal Thomas ou Valérie Lemercier. Truffaut bien sur (« La mariée était en noir »).
Je n’oublie pas bien sur le théâtre, car tu n’as pas quitté les planches depuis 50 années. Je garde pour ma part des souvenirs particuliers, émouvants, quand jeune garçon nous vous rendions visite à Orgeval, dans ta magnifique maison et que tu répétais dans ton jardin au milieu de tes poiriers, quand je suis venu déclamer un poème de Baudelaire devant toi avec mon camarade de lycée Denis Podalydès, et au théâtre quand mes parents n’avaient pas voulu que je vois « Honni soit qui mal y pense », pièce irrévérencieuse et insolente mais quand un peu plus tard, adolescent, je suis allé te voir dans « Lorenzaccio » de Musset à la Comédie Française, ensuite quand je suis retourné trois fois voir « Un habit pour l’Hiver » pièce que tu as écrite, et où tu étais accompagné de Claude Pieplu, George Wilson, Jean Bouise et Fred Personne. Et« Le Souper », la pièce, avec Brasseur, ou ce très beau duo avec Denise Gence dans une pièce de Billedoux, mise en scène par Lavelli, au théâtre de la Colline, ou en 2003 « Les Braises » dont tu as fait l’adaptation, dans le petit théâtre écrin de l’Atelier.
Enfin pour tenter de décrire ce qui caractérise ton jeu, je trouve que tu es un comédien qui travaille ses rôles avec la distance propre au théâtre, et c’est toujours avec un recul amusé, ce phrasé musical, légèrement éraillé, sa manière de se déplacer particulière, de rester souvent comme en suspend et soudain de changer de registre, devenir enfant naïf ou vieillard aigri, comme ça, sans crier gare … (Claude: "Maintenant je ne suis plus qu'un vieillard aigri !" - Rire de l'assistance). Tu peux enlever le mot aigri et ce sera parfait ! Tu es une belle personne, c'est ça qui compte.
Enfin d’autres personnes le disent mieux que moi. Ariane Mnouchkine « Un comédien, comme tout artiste, est un explorateur. » et Sacha Guitry :« J’adore être comédien. C’est tellement plus réel que la vie. »
Pierre RICH