Trois duo d’images imprimées recto verso sur support bâche, câbles, métal, pièce de roulement, 150x150 cm.
Rébus ou analogies poétiques des duos d’images dans l’environnement forestier : le loup et l’écriture des contes, le cerf et le cycle des saisons, le blaireau «encordé» à sa tribu, le rouge gorge amarré sur sa branche prêt à s’envoler.
« Animalités
I
Si des enfants jouent à s’attraper, il arrive que le poursuivi s’avise de gagner un obstacle comme un gros arbre ou une table ronde et fixe, et de tourner autour en prenant la vitesse contraire de l’adversaire — qui ne l’atteindra jamais. Or, jamais cette idée ne vient à un animal poursuivi. Les ruses de certains animaux. Il serait curieux de chercher à tracer le cercle des idées que peuvent inventer les animaux.
VI
Regard de l’animal. Ce regard me donne l’idée d’un point de vue, d’un être-vu-par, et par la suite, d’un coin réservé, d’un intime ou quant-à-soi, d’une chapelle où ne sont pas les choses que je sais et où sont les choses que je ne sais pas. Le regard de l’autre vivant est la plus étrange des rencontres. S’entre-regarder. Cette connivence, collinéation, double négation virtuelle ! A voit B qui voit A. B voit A qui voit B. Quelle merveille ce regard mutuel ! Regardez-vous donc longtemps sans rire ! Comment supporter d’être un peu de temps inscrits l’un dans l’autre — durée d’une contradiction.
VII
L’animal en fureur, en frénésie, donne de la tête, des membres, des mâchoires, agit par chocs, par assauts, par vis viva, tellement que tout son être est comme le projectile, la massue, la pince, le bélier et les trompettes d’une excitation, laquelle a toutes ces machines pour instruments.
Paul Valéry, Mélange, 1939.